Le Château de Léhon
Succédant à un premier château attesté en 1168 mais peut-être plus ancien, l’actuel château de Léhon est reconstruit dans les années 1200-1230 à l’initiative de Juhel de Mayenne, seigneur de Dinan Bécherel. Constitué d’une enceinte au tracé géométrique et défendu à l’origine par huit tours à archères – sept sont aujourd’hui conservées – le château de Léhon est un remarquable exemple de l’architecture philippienne. Au centre, un donjon roman – quadrangulaire – constituait un des rares vestiges du château du XIIème siècle.
A l’occasion de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365), le château de Léhon accueille à plusieurs reprises Jeanne de Penthièvre et son époux, le duc de Bretagne Charles de Blois. A la mort de ce dernier en 1364, c’est son rival, Jean IV de Montfort, qui accède au trône ducal. En 1380, délaissant Léhon, Jean IV décide de la construction à Dinan d’une tour résidence. Dès la fin du XVème siècle, le château est à l’abandon bien qu’une dernière campagne de renforcement, à la fin du XVIème siècle, voit l’aménagement de terrasses d’artillerie. Cédé en 1643 par le roi Louis XIII à Charles Brulart, abbé commendataire du prieuré Saint-Magloire, le château devient une carrière de pierres.
Au début des années 2000, le château fait l’objet d’une importante campagne de dévégétalisation et de cristallisation de ses ruines avant d’être inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, le 9 novembre 2004.
Restauration du Château
Propriété communale depuis 1905, le château est inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques le 4 février 1926, puis radié en 1931, à la demande de la municipalité qui estime : » qu’il n’y avait pas lieu d’inscrire la commune de Léhon sur la liste des localités présentant un caractère artistique et archéologique « . Et c’est en octobre 2004, à la demande du maire Léo Carabeux et de la commission du Patrimoine, que le château est réinscrit.
Autre temps, autre regard sur nos vieilles pierres : la commune a obtenu pour la qualité de son patrimoine et l’intérêt de son site, le label » Petite Cité de Caractère de Bretagne ».
Les élus léhonnais de 1930 ne pouvaient s’imaginer qu’un jour leurs successeurs s’engageraient avec autant d’ardeur dans la restauration du vieux château pour rendre un hommage posthume à ces bâtisseurs de l’an mil. Tous ces hommes furent les acteurs politiques de leur temps, en instaurant le régime féodal fondé sur les relations d’homme à homme, cimentées par des solidarités très étroites liant les personnes, les groupes et les communautés. Ici, sur une échelle territoriale réduite, l’encadrement des hommes s’est organisé autour d’une motte protégée par une enceinte de bois ou de pierres, puis d’un château fort qui a constitué pendant des siècles le siège du pouvoir. Les bases d’une société organisée se mettaient ainsi en place.
La présence forte de ces ruines sur notre sol nous interpelle car nous sommes issus de leur histoire. Elles nous laissent en héritage ce patrimoine de pierres qui est celui de notre mémoire.
Entre 2003 et 2006, la municipalité, sous l’autorité des Monuments Historiques, entreprend avec le concours de Madame Frédérique Lebec, architecte du patrimoine, la restauration des ruines du château féodal et l’aménagement paysager du site. Il ne s’agit pas ici d’une reconstruction des édifices, mais bien d’une conservation des ruines du château dans leur configuration actuelle.
Pour rendre visible l’ensemble des ruines et en assurer leur protection, il a fallu procéder à un débroussaillage et un déboisement du plateau et des glacis.

Le Château pendant la restauration
La restauration du gros œuvre concernait :
– la reprise des maçonneries, avec le rejointoiement des parements intérieurs et extérieurs des tours et courtines.
– le dégagement et la consolidation des embrasures et meurtrières, la remise en état des escaliers de pierre des tours Est et Sud Ouest.
À noter que les courtines effondrées sont remontées avec les pierres in situ.
– ces différents travaux permettent d’observer dans les parements des courtines des vestiges de constructions anciennes.
Notre intention n’a pas été d’ouvrir un chantier de fouilles ; la cour du château sera engazonnée et conservée en réserve archéologique pour les générations futures.

Le château restauré : juillet 2006
Il est ouvert au public à compter de juin 2006.
Le nouvel aménagement du site le rend accessible : chemins de ronde, escaliers, passerelles… permettent aux visiteurs une vue agréable et une intéressante découverte ou redécouverte de notre très vieux château féodal.